Papillusion

Helter Skelter (2012), adaptation du manga d’Okazaki Kyoko, est le second et dernier film en date de Ninagawa Mika, photographe malencontreusement comparée à Sofia Coppola. Peu connue en France, la cinéaste n’en est pourtant pas à son coup d’essai en ce qui concerne l’adaptation « live », comme on dit, de manga. En effet, en 2006 déjà, la réalisatrice portait à l’écran l’œuvre d’Anno Moyoko : Sakuran, une histoire sur la vie de geishas, peinture sur-colorée du monde du spectacle. Six ans plus tard, Ninagawa Mika en remet une couche et poursuit son portrait du showbiz avec Helter Skelter.

Devant une myriade de miroirs, Lilico, insecte holométabole, émerge de sa chrysalide artificielle. Il ne reste visiblement plus rien de la larve qu’elle était avant l’onéreuse opération. « Miroir, mon beau miroir, dis moi que je suis la plus belle », Lilico, l’imago, se la joue reine-sorcière. Pas de réponse. Pas besoin. Déjà les nuées de flashs convoient son image en couverture des magazines de mode les plus célèbres. La carrière de Lilico est fulgurante, mais la beauté est éphémère. Comme le papillon tatoué sur la cheville de la belle, comme le papillon-broche qui orne ses cheveux, comme le papillon posé sur son épaule, comme les papillons gorgés de formol qui tapissent son salon…

Vous l’aurez certainement compris, à l’image de ces lignes, le point fort d’Helter Skelter est loin d’être la subtilité. Excès, clichés, l’œuvre les empile. Peut-être au service du monde qu’elle décrit, celui de la mode, dont les fondations, c’est bien connu, ne sont qu’artifices. Parfois même, au détour d’un poème ridicule que jette un homme chargé de percer le mystère Lilico, on croit percevoir un message, une certaine ironie pour le moins appréciable. D’autant que les rares scènes d’enquête sont autant d’occasions de revoir à l’écran Terajima Susumu, que les amateurs de la filmographie de Kitano Takeshi connaissent bien.

À quoi bon commenter ce que les images nous disent déjà si bien ? La caméra volubile épouse avec maestria la beauté creuse de Lilico au gré d’angles et de mouvements renversants, composants de scènes et séquences qui auraient pu l’être tout autant. Quel dommage que celles-ci se retrouvent doublées, couvertes, cachées, gâchées par un texte qui ne parvient, au mieux, qu’à les répéter. Vain, c’est le mot, nous l’aurons saisi, pas de doute, mais un tel tapage était-il nécessaire ?

Rien n’est moins sûr.